Nous nous sommes entretenus avec la cheffe Teresa Välimäki, et l’entrepreneur de Pertti’s Choice, Sami Helle, pour discuter du lien entre l’art et la gastronomie et parler de l’importance de l’inclusivité dans ces secteurs. Teresa Välimäki et Sami Helle sont derrière la création du menu du True Equality Brunch, organisé dans le Café Maa en collaboration avec l’association Alvi, Pertti’s Choice et l’Institut finlandais. 

 

Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours et comment vous vous êtes intéressé.e.s à la gastronomie et à l’entreprenariat ?

Sami: J’ai une formation de garde-manger et mon intérêt pour la cuisine a commencé dès le jeune âge. J’aime cuisiner car cela à tendance à rendre les gens heureux, et puis c’est agréable de socialiser autour de la nourriture. J’adore cuisiner, tout simplement.

Teresa: J’ai également un intérêt pour la cuisine depuis mon enfance. Ma mère cuisinait dans la bonne humeur et faisait souvent la cuisine à la maison. Je pense que cet enthousiasme et cette générosité ont eu une grande influence sur moi. J’ai toujours aimé manger au restaurant. J’étais également intéressée par la communication, mais j’ai décidé de faire mes études dans une école d’arts culinaires. Plus tard dans la vie, j’ai pu allé au bout de ces deux passions, en travaillant notamment dans le secteur des médias.

 

Qu’est-ce que vous attendez le plus du True Equality Brunch à l’Institut finlandais ?

Sami: J’ai vraiment hâte de me rendre dans la ville où j’ai vécu pendant quatre ans. Paris est une ville que j’aime et où j’ai beaucoup de bons souvenirs. La cuisine française occupe également une place importante dans mon cœur.

Teresa: Maintenant, tu vas pouvoir créer de nouveaux souvenirs dans l’une de tes villes préférées !

Sami: Oui !

Teresa: C’est ce que je cherche. Je pense que c’est incroyable d’y aller. Notre équipe est vraiment géniale, j’ai adoré travailler sur ces projets et avoir la possibilité de collaborer avec des personnes différentes. J’ai vraiment envie de voir les locaux de l’Institut finlandais, j’en ai entendu parlé en positif. En outre, comme l’a déjà mentionné Sami, la cuisine rassemble les gens et il est toujours plus agréable de discuter autour d’un repas. C’est ce que j’attends de ce brunch. J’espère que les gens sortiront du brunch dans la bonne humeur et partiront avec de beaux souvenirs. Je pense également que ce brunch éveillera des discussions sur les différences et les similitudes entre les cultures culinaires finlandaise et française.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à rejoindre le projet Pertti’s Choice, et qu’est-ce qui vous a intéressé dans le concept d’art outsider ?

Sami : Eh bien, c’est quelque chose d’autant plus important pour moi du fait que je suis l’un des propriétaires de Pertti’s Choice.

Teresa : L’aventure a vraiment été merveilleuse, notamment le fait de travailler avec des personnes différentes, plusieurs équipes… En travaillant avec Pertti’s Choice, on retrouve toujours une énergie positive dans ce que l’on fait : un sentiment d’accomplissement, d’acceptation et d’appartenance. N’est-ce pas, Sami ?

Sami : Oui, un sentiment d’appartenance c’est exactement ça. Nous faisons beaucoup de choses ensemble et nous prenons toujours du plaisir à travailler ensemble. J’ai passé de très bons moments, par exemple tout le temps passé en cuisine avec Teresa. C’est un endroit où je peux vraiment montrer ce que je sais faire.

 

Comment pensez-vous le lien entre l’art et la gastronomie, comment ces deux domaines peuvent-ils œuvrer pour plus d’inclusivité ?

Sami : Pour moi, la cuisine est en soi une forme d’art. Elle partage de nombreuses similarités avec l’art : les couleurs, les contrastes, et plus encore. Je pense que la cuisine peut être vue comme un art à part entière.

Teresa : Oui, la cuisine est créative comme l’art. Il faut réfléchir au fait de combiner différentes saveurs, différentes textures. Dans le meilleur des cas, l’art et la cuisine provoquent des échanges et des discussions. Or, il n’y a rien de mieux que de parler art autour de bons plats. En outre, l’art, la cuisine et la dégustation nous appartiennent tous. Tout le monde peut s’adonner à ces activités, se passionner pour l’art ou la cuisine et développer ses propres compétences dans ces domaines. Nous pouvons justement promouvoir l’inclusion à travers ce type de projets, en montrant aux autres que l’on peut travailler avec n’importe quelle équipe, on peut travailler avec chaque personne lorsque l’on écoute et que l’on accepte l’autre. Il faut être capable de s’adapter à différentes situations, parfois prendre un peu plus de temps pour faire les choses, mais tout peut être possible.

 

Quelle est la meilleure chose qui vous soit arrivée au sein de l’équipe True Equality ?

Sami : Pour moi, le plus important est que le noyau du groupe n’a pas changé d’un poil. De plus, il était très important pour moi de pouvoir demander de l’aide à Teresa en cuisine lorsque je ne savais pas faire quelque chose. C’est vraiment l’une des meilleures équipes au sein desquelles j’ai pu travailler.

Teresa : La proximité est quelque chose de très important. Nous sommes des personnes très similaires, nous avons notamment beaucoup échangé et bien planifié les choses ensemble. Les réunions sont toujours accompagnées de fous rires. Il n’y a pas besoin de toujours rester sérieux. Nous ne nous sommes jamais disputés, n’est-ce pas ?

Sami : Non !

Teresa : Par exemple lorsque vous travaillez dans un nouveau cadre et une nouvelle cuisine où vous ne trouvez pas forcément tout tout de suite, ça facilite les choses de bien se connaître. À l’institut, nous nous lancerons à la recherche des casseroles et des ustensiles tous les deux, ensemble !

 

Selon vous, quel rôle jouent les chef.fe.s et les restaurants dans la promotion de l’inclusivité et de la diversité dans le secteur de l’alimentaire ? Comment peuvent-ils y contribuer de manière plus efficace ?

Sami : Je pense que les gens comme moi, qui ont suivi une formation, devraient avoir la chance de travailler dans des endroits pour lesquels ils sont formés et qualifiés. Il peut être très difficile pour un jeune de ne pas pouvoir trouver de travail. C’est aussi un gaspillage d’argent au niveau de la société : des personnes sont formées mais ne peuvent pas faire le travail qui correspond à leur formation. Nous serions d’une grande utilité pour les restaurants qui ont du potentiel, s’ils pouvaient simplement nous embaucher.

Teresa : Je suis entièrement d’accord avec Sami. Les employeurs et employeuses devraient se montrer plus ouvert.e.s d’esprit et discuter avec les futurs employé.e.s de leurs forces et de leurs souhaits par rapport au poste. Les périodes de formation et d’orientation sont souvent un défi dans les entreprises. Lorsque de nouvelles personnes arrivent et commencent à travailler, on s’attend à ce qu’elles connaissent tout et qu’elles sachent déjà tout faire. Il est évident que cela ne devrait pas se passer de cette manière pour quiconque. Il faut avoir à la fois le temps et les ressources pour enseigner et former ces nouveaux et nouvelles employé.e.s. Si ces ressources étaient mobilisées, je suis sûr que les résultats seraient encore plus intéressants pour les restaurants. Tout le monde souhaite un travail qui correspond à sa formation. Faire des choses qui ont du sens, avoir des collègues, être inclus dans un groupe au travail est une chose importante pour tout le monde.

Sami : Si je peux ajouter quelque chose, les gens devraient au moins avoir la possibilité d’essayer de se lancer dans quelque chose. S’il s’avère que ces personnes ne sont pas qualifiées pour ce travail, ils ne se sentiront pas plus tard coupables et déçus de ne pas avoir eu la chance de le faire.

 

Quelles sont vos aspirations professionnelles et vos rêves, et comment allez-vous faire dans le futur pour promouvoir l’inclusivité dans votre travail ?

Sami : J’aimerais que des personnes comme moi puissent travailler et gagner leur vie après leurs études, qu’elles fassent partie intégrante de notre société. Le travail et la contribution de chacun et chacune sont importants et indispensables.

Teresa : À l’avenir, j’espère avoir la chance de continuer à travailler sur ce genre de projets, très gratifiants et amusants. J’ai appris tellement de nouvelles choses. Je tiens vraiment à cœur de développer encore davantage la culture culinaire en Finlande.

Sami : J’espère pouvoir continuer de collaborer avec Teresa pendant de nombreuses années.

Teresa : Peut-être que nous resterons à Paris et que nous ouvrirons notre propre restaurant ensemble?

Sami : Eh bien… malheureusement, je vais devoir retourner en Finlande car ma vie se trouve en Finlande.

Teresa : Peut-être qu’un jour ce sera possible. Quand j’étais petite, j’ai dit à ma mère que je vivrais un jour à Paris. Peut-être que ce jour viendra.

Sami : J’adorerais aussi vivre à nouveau à Paris, c’est vraiment une ville incroyable.

 

Interview : Helmi Anttila
Traduction en français : Thibault Semblat